9 octobre 2024

Media Foot DZ

La crédibilité en ligne

INTERVIEW | Mohammed Bellahsene : «  Je crois en une JSK «Bio» » !

Dans une interview accordée à notre journal électronique, Media Foot DZ, l’ancien chargé de marketing de la JS Kabylie, Mohammed Bellahsene a donné ses impressions sur la nouvelle page d’histoire de la JSK.

 

Media Foot DZ : l’actionnaire majoritaire de la SSPA/JSK a procédé le mois d’avril dernier à des changements à la tête du club avec la nomination d’El Hadi Ould Ali comme président du conseil d’administration et de Hakim Medane comme DG, que pensez vous de ces changements ?

Sous un certain angle, et à mon humble sens, la réaction de l’actionnaire majoritaire s’est inscrite en conséquence d’une gestion annoncée et axée par la direction précédente sur un résultat pratiquement immédiat, laquelle gestion était conjuguée, en outre, à une communication absente sur le sujet. La grogne des supporters que ce soit au stade ou via les réseaux, a fait précipiter les choses. On ne pouvait plus continuer de la sorte surtout que les moyens ne faisaient pas défaut semblait-il. Ça ne pardonne pas lorsqu’on est à la tête d’un grand club. Gérer ne se résume pas qu’à prévoir en ces temps modernes, c’est tout d’abord communiquer de façon forte et réaliste. Ça manquait terriblement de punch en com pour étaler les choses, et on ne pouvait plus rattraper le coup après combien d’erreurs dans les appréciations et les choix pris. Personnellement, je ne focalise pas sur les noms en ce qui concerne tout changement quelque qu’il soit, je fais plutôt une fixation sur cette capacité réelle de l’homme de construire du durable via le justement changement.

Après plusieurs années d’attente, le nouveau stade « Hocine Aït Ahmed » sera officiellement inauguré, un petit mot sur cet événement tant attendu

Après de très dures années passées sur le tuf du stade Oukil Ramdane suivies d’une nette évolution après le passage du club au stade du 1er novembre, la JSK passe enfin et même si tardivement à un stade d’envergure internationale. C’est un acquis qui fera appel aux compétences à tous les niveaux pour mettre le club sur une orbite scientifique à l’image de ce qui se fait dans les clubs dits «  grands ». Le blabla n’aura logiquement plus de place. Autrement dit, il ne suffit pas uniquement d’avoir juste l’infrastructure si celle-ci ne se fait pas accompagner par la ressource humaine idéalement nécessaire pour créér la richesse et la valeur-ajoutée. Un gros travail attend les gestionnaires pour satisfaire les supporters qui sauront certainement donner de belles couleurs au stade car il s’agit d’un club appelé JSK. Le club passe désormais à un autre cap avec l’inauguration de Hocine Ait Ahmed Stadium. Être à la hauteur de cet acquis est bien plus qu’une obligation professionnelle.

Vous ne pensez pas que l’organisation d’un mini tournoi avec la participation de quelques grand clubs du continent pourrait être la meilleure formule pour inaugurer cette enceinte notamment pour promouvoir davantage la marque JSK ?

Je pense que c’est déjà un minimum d’organiser un tournoi inaugural d’envergure à l’occasion. C’est un peu la tradition dans de pareilles occasions. On peut même dépasser l’idée du rencontre gala en greffant à celle-ci pas mal d’autres animations et ce ne sont pas les concepts qui manqueront s’agissant de la marque JSK.

En votre qualité de spécialiste dans le volet marketing, comment la JSK peut tirer profit de cette infrastructure avec ses différentes installations ?

Il ne faut surtout pas réduire ce nouveau stade à juste la vingtaine de matchs et donc de jours de son utilisation pendant toute une année. Le foot doit faire partie de tout un ensemble de spectacles à organiser durant la saison. Ce stade est un véritable cadeau tombé du ciel comme on dit, et dont le standing et la contenance nous font imaginer les chiffres en gains pour les réinvestir dans le club.

Comment vous voyez Mobilis réussir ses investissements et opérations en s’associant à l’image de marque du club ?

Pour moi, le fait de s’être associé à la marque JSK est déjà le signe d’une volonté sûre d’investissement de grande envergure. Pour une société leader dans les prestations en téléphonie mobile, on sait certainement où l’on va dans un environnement totalement numérique en foot de nos jours. Plusieurs types de business plan démontreront la force socio-commerciale de la marque JSK. Le lancement d’une simple application fera des merveilles. De nos jours, les choses ne se mesurent plus à ces milliers de spectateurs contenus dans un stade le temps d’un match, plutôt à ces millions de fans présents autour du club H24 et 7/7 par interaction dans les quatre coins du monde.

En 2024, les données ont changé et c’est l’air du digital avec les différents supports médiatiques. Avec quelle stratégie le club peut-il se distinguer sur ce plan là ?

Les données ont changé il y’a bien longtemps. On est en retard. Les clubs de foot ont continué de fonctionner comme de petites associations, or que des stratégies de développement existent depuis des décennies. Il faut savoir rattraper le coup en prenant la bonne direction avec la bonne vitesse aussi. Il est temps de faire voyager sérieusement les valeurs du club via les instruments et les canaux digitaux actuels. Il faut occuper la scène digitale de façon géniale. Outre les réseaux sociaux et les diverses applications, il faut y aller quotidiennement en plein dedans du marketing d’influence en plus de l’intégration des footballeurs dans la stratégie. Le devoir du joueur ne se limite pas qu’au terrain, mais surtout en dehors de celui. Il faut faire suer le joueur point de vue digital en une phrase. Il faut vraiment qu’il mérite son gros salaire en ces temps numériques. Sans oublier la vente en ligne des produits dérivés du club et des autres partenariats à développer dans le domaine de la large consommation lors des spectacles de foot et autres dans le nouveau stade.

Une première page officielle du club qui touchait des millions de personnes à travers le monde a été confisquée. Vous ne pensez pas que sa récupération est une priorité ?

Ça relève des affaires internes de la société qui gère le club. Ça ne peut être que la conséquence des conflits entre personnes où chacun va de sa vision. Et c’est le club qui en pâtit à chaque fois des divergences profondes entre les dirigeants qui se succèdent aux commandes. D’ailleurs, où sont les sites web du club d’il y a plus d’une décennie ? Où sont les concepts de merchandising de l’époque ?….etc. On revient à chaque fois au point mort. Je ne suis pas du genre à faire une fixation sur une conséquence puisque connaissant la cause de celle-ci. Je préfère qu’une nouvelle ligne de départ solide soit tracée pour un travail foncièrement organisé et sécurisé. Il faut apprendre vraiment à ne plus perdre de temps. Time is money.

Vous avez connu deux passages à la JSK en 2008 et en 2018, dernièrement la président du club vous a approché pour reprendre du service. Que pourriez-vous nous dire là-dessus ?

Ah oui, 2008 puis 2018 où j’ai eu à se faire accompagner dans ma mission par des jeunes dont je salue au passage. J’avoue qu’on est resté quelque part sur un goût d’inachevé avec les projets «  JSK Pro » et «  JSK, la marque » respectivement s’agissant de mes deux passages. Mais bon, ça reste deux charmantes expériences où on avait privilégié des formules de partenariat inédites en équilibrant entre les urgences et les priorités. Oui, j’ai eu à discuter à la mi-mai je crois avec le président actuel comme ce fut le cas avec ses prédécesseurs suite aux invitations de chacun d’eux où j’avais eu à échanger les idées. J’ai ma vision constante des choses depuis assez longtemps , et j’ai toujours apprécié le choc d’idées et le dialogue même si contradictoire sauf que constructif pour l’essor de la JSK. Une JSK qui doit rattraper son retard.

Avec cette nouvelle ère au sein du club le plus titré d’Algérie, êtes vous optimiste pour le grand retour de la JSK ?

Je reste toujours optimiste quant à un bel avenir de la JSK pour peu que les personnes mettent l’ego et la « m’as-tu vu » de coté. Je crois en une JSK débarrassée de l’orgueil, je crois en une JSK «  Bio ». J’ai toujours dit qu’on ne construit rien avec du blabla et le selfie, bien au contraire, surtout que le club est devenu cet ogre aux pieds d’argile. Seul un travail sérieux donnera ses fruits. Les supporters sont là capables de faire des merveilles, et les historiques du club nous regardent impatiemment depuis les cieux.

Entretien réalisé par Ali Ait Si Amer