Gérôme Henrionnet à MediaFootDz : « Pour être un joueur de haut niveau, il faut d’abord développer la technique »
La formation est une étape primordiale pour tout joueur qui vise le professionnalisme. Le français Gérôme Henrionnet, ancien entraîneur des sections féminines du FC Metz et de l’AS Nancy Lorraine est l’une de ses personnes qui œuvre pour la formation des joueurs mais aussi à celle des formateurs.
A cet effet, il a été invité par l’académie ACADJO et le ministère des sports en Centrafrique pour une semaine de formation qui démarre à partir du lundi 1 er Septembre 2020. Il nous a accordé une interview à travers laquelle, il a abordé plusieurs sujets.
Média Foot DZ : Bonjour coach Gérôme, actuellement en France, comment passez-vous ce moment de crise sanitaire à travers le monde ?
Gérôme Henrionnet : «Ici en France le football a été longtemps en arrêt et durant cette période j’ai fait comme tout le monde, j’ai pris mon mal en patience. Aujourd’hui tous les clubs de l’hexagone ont repris, et même si ce n’est pas encore comme avant, on se réjouit de pouvoir de nouveau retrouver les terrains de football. »
Formateur tant au football masculin que féminin, dites-nous, quelles sont pour vous les aptitudes ou qualités que doit avoir un bon joueur?
«Ce que j’observe avant tout chez un jeune joueur, c’est ses aptitudes techniques, sa relation avec le ballon. C’est primordial, le football moderne le demande. Aujourd’hui durant une rencontre, les footballeurs doivent sans cesse faire face aux crises de temps et d’espaces, et sans une grande technique il ne peut pas être performant. Seulement après j’examine ses points forts et ses points faibles pour me poser cette question « Est ce que nous pouvons rendre ses points forts encore plus forts et minimiser un maximum ses points faibles » et cela sur tous les plans qu’ils soient technique, tactique, athlétique ou encore mental.»
Vous avez entrainé́ les hommes mais aussi les femmes. Elle est où la différence ?
«Tout abord il n’y aucune différence sur le plan technique. Une femme a les mêmes capacités techniques qu’un homme. La façon de travailler et le choix des exercices restent identiques. Il va de même dans le développement des qualités tactiques. Après il y a deux aspects qui sont vraiment différents et qu’un éducateur ou entraîneur doit prendre en compte. Chez les garçons, tout va beaucoup plus vite, la puissance et l’explosivité font partie intégrante du jeu des hommes surtout au haut niveau. Même si les joueuses de foot sont aujourd’hui des athlètes à part entière, elles n’atteindront jamais le niveau athlétique des garçons. Dans le jeu les filles compensent le défi physique par des enchaînements techniques plus fluides et par des déplacements de qualités, c’est ce qui le football féminin attrayant. Le deuxième aspect fondamentalement différent entre les hommes et les femmes est dans la façon de manager. Le management d’une équipe féminine n’est pas du tout pareil que celle des garçons. C’est beaucoup plus compliqué, il y a beaucoup plus de paramètres à prendre en compte dans la gestion d’un groupe de filles que chez les garçons. Je conseille toujours aux éducateurs de gérer au moins une saison une équipe féminine. C’est très formateur. Un autre problème à prendre en considération est dans les motivations intrinsèques. Les joueurs ont un objectif bien précis et cela dès le plus jeune âge. Ils savent pourquoi ils font des efforts, il y a un rêve à réaliser au bout des nombreux sacrifices. Très peu de petites filles rêvent d’être Marta car il y a encore beaucoup d’obstacles sociétaux et moins de considérations d’être footballeuses que d’être footballeurs.»
Vous avez dirigé́ des stages de formations en Afrique sur invitation notamment au Cameroun. Quels sont vos impressions sur le sport en Afrique et quelles sont les choses à corriger?
«J’ai eu la chance de découvrir le football Africain durant 12 jours au Cameroun. J’ai été invité par M Gérald Bobga président de Hope Foundation et M Charles Baninga président de la Ligue de Football de l’Est à former une quarantaine d’éducateurs dans la ville de Bertoua. J’ai également effectué des entraînements dans un club local, le Chamba sport. J’ai été impressionné par l’intérêt, l’enthousiasme et la passion que les camerounais ont pour le football. Le football africain a de beaux jours devant lui. Il n’y pas de secret, le développement du football africain passe par la formation. La formation des plus jeunes bien sûr mais aussi dans la formation des éducateurs. Tout en faisant en sorte que le football africain ait sa propre identité. Comment voulez-vous qu’un jeune puisse progresser s’il n’y a personne pour lui apprendre correctement à jouer au football ? Je crois vraiment aux différents projets africains et dès qu’on me donnera l’occasion d’y participer je viendrais avec plaisir.»
Dès lundi, vous serez à Bangui (Centrafrique) pour un séminaire de formation sur invitation d’une académie et sous l’impulsion du ministère des sports. De quoi serez meublé ce séminaire ?
«Effectivement à partir du 1 septembre et jusqu’au 9 je suis en Centrafrique sur une invitation du M N’Kouet Geraud, président de l’académie ACADJO et du ministère de sport. J’aurai comme mission : la détection des U 17- a 25 ans nationaux de tout le pays et d’envoyé les rapports aux clubs professionnels étrangers, d’entraîner et détecter les enfants ACADJO qui intégreront le centre de formation et de faire des séances de formation travail avec les entraîneurs locaux. Je suis admiratif de voir certaines personnes en Afrique donner toute leur énergie pour créer des écoles, organiser des formations professionnelles ou développer leur sport. C’est vraiment intéressant, il faut les encourager et si je peux participer même très modestement je n’hésite pas à le faire»
Votre mot de fin
«Je tiens à remercier ceux qui travaillent au développement du sport africain. Je n’hésiterai jamais à accompagner les belles initiatives qui visent à faire progresser le football africain.»
Le parcours et quelques expériences de Gérôme Henrionnet
Né à Reims le 29 Mai 1973, Gérôme Henrionnet est titulaire d’un Certificat de Préparation Mentale pour la performance professionnelle, d’une Licence UEFA A et aussi d’un diplôme de formateur des gardiens de buts. Il a fait ses preuves dans les catégories de certains clubs en France et au Luxembourg (sections masculines et féminines). Ainsi, Il a notamment entraîné les sections féminines de l’AS Nancy Lorraine, du FC Metz, de l’AS Algrange, du FC Jeunesse Junglinster Dames. Depuis 2018, il est manager Général Grand Est et formateur à la Méthode « Coerver ».
En terme de lauriers, Gérôme Henrionnet n’est pas des moindres. Il entre autres a été champion du Luxembourg et vainqueur de la Coupe du Luxembourg Dames 2018. De plus, il est triple vainqueur de la Coupe de Lorraine Féminine (2013, 2014 et 2015). De plus, il a terminé champion de Lorraine U18 Féminine 2012. Par ailleurs, en septembre 2016, il est intervenu dans la Formation d’Entraîneurs pour la Fédération Polonaise (PZPN) et récemment au Cameroun.
Entretien réalisé par Gaël Hessou