Avis et analyse : Refonte du système de professionnalisme en Algérie

Par Zakria Djebbour : Refonte du système de professionnalisme en Algérie

1. Constat et contexte :

De nos jours, le football et le sport de haut niveau jouent plus que jamais un rôle majeur
vers la course au leadership géopolitique et permet de propulser et de conforter la
position politique et économique d’un pays dans le monde, cela est dû intrinsèquement à
l’accélération de la mondialisation du sport ces dernières années.
D’autre part, nous appartenons à une région du monde détentrice de plus de la moitié
des trophées mondiaux : France, Espagne, Italie et l’Allemagne.

2. Supports financiers et business Model des clubs professionnels:

Il est indubitable que la réussite du professionnalisme dépend intrinsèquement de la
politique économique d’un pays, notamment son économie de marché, ainsi que l’apport
de ses opérateurs économiques publiques et privés. En effet, de nos jours les sources de
revenus financiers des clubs professionnels dans les pays ayant atteint déjà la maturité
du professionnalisme, sont au nombre de 05 :
1- Les droits TV, C’est la source de revenus la plus importante pour un club prof
jusqu’à 60%.
2- L’apport en fond propre des actionnaires.
3-  Le marketing et le merchandising. Jusqu’à 28%.
4- La billetterie et l’évènementiel Jusqu’à 12%.
5- Le trading de joueurs.
Chaque club développe et construit son business model au moins sur l’un de ces 05
supports financiers, par ailleurs, Qu’en est-il chez nous ? Peut-on construire un business
model sur ces supports financiers ? et le projet de professionnalisation en tout ça ? En
effet, en voulant instaurer le professionnalisme nous avons créé un mutant qui se nourrit
plus de la pression accrue de la « Rue », de l’inflation des salaires, de la dictature des
résultats immédiats, générant un déficit qui dépasse de loin la barre des 1000 milliards
annuel, faisant sombrer d’un revers de main, toutes les entreprises sportives dans les
ténèbres de la Faillite collective.
En outre, nous avons créé un sentiment d’injustice, par l’accompagnement d’une poignée
d’équipes avec des résultats quasi-infructueux

Solutions et Propositions :

Je pense que dans un premier temps, nos clubs doivent impérativement passer par une
période transitoire, afin de développer d’abord leurs attractivités (perdu de nos jours) et
corriger ainsi cette image altérée et négative que véhicule le football algérien
aujourd’hui, qui chasse sponsors avant investisseurs et mécènes, voilà comment la
nouvelle carte du football algérien se dessine de nos jours. Nous sommes tous exaspéré
par ce système. Ça ne fait pas l’ombre d’un doute que l’attractivité est une condition sine qua non pour prétendre à la réussite d’un modèle économique battit au moins sur l’un de ces 05
sources de financement. Par ailleurs, il me semble nécessaire que les pouvoirs publics
accompagnent et orientent les clubs vers cette voie. Bien entendu, pour une durée
déterminée variant entre 05 et 07 ans.
Un simple SWOT nous a permis de définir nos atouts et nos forces. Nous concédons
énormément d’avantages et d’atouts qui nous permettront de projeter notre football vers
la cour des grands. Car, outre l’engouement et l’enthousiasme inégalable pour le football,
l’Algérie est un Véritable vivier de jeunes talents, et détient avec le Ghana, la Cote
d’ivoire et le Cameroun, le plus grand indice de performance du jeune talent en Afrique.

C’est pour cela que j’ai l’intime conviction que le business model le plus adapté et qui a
déjà fait ses preuves chez des pays ayant souffert de cette attractivité, tel que la suisse,
la Belgique, l’Uruguay ou encore les pays bas, et auquel ces pays ont souscrit depuis
longtemps, c’est le business model de trading de joueurs, qui repose intrinsèquement sur
la formation et la post-formation.

Phase transitoire :

Pour se faire, la mise en place d’un fond public, privé ou mixte s’impose et reste pour ma
part le meilleur scénario possible pour en finir avec les échecs économiques et sportives
et les ténèbres de la faillite collective.
L’ambition et l’objectif de cette institution c’est d’accompagner les clubs aspirant à la
professionnalisation et construire la pyramide par le bas et non pas par le haut comme
en 2009.
Ce fond de développement du football professionnel, devra être géré par un organe de
financement et d’accompagnement des initiatives et des projets de professionnalisation
des clubs. On ne devient pas professionnel par ordonnance mais par évolution et par
maturation. Ce fond disposera d’outils de contrôle continu et veillera à la bonne
construction du professionnalisme.
Cette institution autonome devrait exercer en outre un véritable pouvoir de pilotage et de
gouvernance : elle définira avec la fédération des objectifs pluriannuels de
professionnalisation des clubs qui leurs sont affiliés. Aussi veillera à l’état d’avancement
des projets de professionnalisation, qui seront évalués au moins quatre fois par an, dans
le cadre d’un protocole et d’un dispositif de suivi et d’accompagnement continu de
chaque club.
Libérer la formation et le projet de la construction des installations sportives des mains
des présidents de clubs : Comment ?
Incorporation de directeurs de professionnalisation autonomes dans les clubs :
Ces directeurs seront les garants de la mise en place de la politique de cette institution et
le trait d’union entre ces deux entités. Ils auront pour mission de faire appliquer le
protocole au sein des clubs bénéficiant de cet accompagnement financier et veiller au
respect de l’application des cahiers des charges de la professionnalisation des clubs.

Une autonomie administrative et financière de la professionnalisation :

● Ouverture de compte bancaire autonome sous la responsabilité des directeurs de
professionnalisation
● Réserver au moins 25% de la budgétisation (subvention) annuelle à la formation.
● Réserver au moins 25% de la budgétisation (subvention) annuelle à la
construction des centres de formation.
● Création d’espaces et d’évènementiels de collaborations, de partage et de conseils
interclubs en voie de professionnalisation animé par des experts.

Le cahier de charge d’attribution des fonds de développement du football professionnel :

Le cahier de charge d’attribution des fonds de développement du football professionnel,
sera cadré par une liste non exhaustive de 04 chapitres. Chaque chapitre enrichira un
système de capital points à attribuer.
La fédération, au travers de sa DTN aura pour responsabilité la rédaction des cahiers de
charges de la professionnalisation des clubs.

I. Chapitre Un : la gouvernance : quantifier une gouvernance claire et précise de
la RoadMap mise en place pour chaque club, notamment les outils de pilotage et
de contrôle continu.
II. Chapitre deux : Les ressources humaines :
Quantifier et qualifier la qualité des ressources humaines, les diplômes et la
formation continue proposées par les clubs, imposée par la fédération : formation
des cadres administratifs, des formateurs, des entraineurs etc.
III. Chapitre trois : Les installations sportives :
Dans la phase transitoire nous proposants que les clubs bénéficient des
installations sportives et d’hébergement existantes sous la tutelle du MJS ou les
institutions locales de wilaya et mairies, et ce, en attente de la construction de
leurs propres installations. Le cahier de charge prendra en considération le
rapport sur l’état d’avancement des travaux de construction Vs les objectifs fixés
lors de l’année N-1.
IV. Chapitre quatre : Participation aux compétitions internationales :
Les clubs participants à des compétitions internationales bénéficieront d’un
support financier supplémentaire.

Financement de la mise en conformité et la rénovation des stades existants :

Nous avons au moins une dizaine de stades que nous pouvons upgrader pour la pratique
du football professionnel, outre que le football de haut niveau se joue sur une pelouse
nature, cette mise à niveau représente un levier majeur pour l’offre économique des
droits tv. Et représenteront un outil de spectacle digne de ce nom.

Financement de l’équipe première (Séniors) :

Je propose un plafonnement de la masse salariale, le salary cap, qui a démontré tout son
intérêt chez les nations ayant initié le projet de professionnalisation des clubs amateurs.
NBA aux USA, Le Rugby en France le football en Suisse et aux pays bas. Car en effet, la
loi interdit le plafonnement des salaires mais non pas le plafonnement de la masse
salariale.
Il serait donc tout à fait possible à la Fédération d’imposer un encadrement de la masse
salariale des clubs, soit en fixant, la masse salariale versée aux joueurs ne puisse
dépasser un certain pourcentage du chiffre d’affaires des clubs.
La fédération doit renforcer ces outils de contrôle continu, allant de la pénalité financière
ou défalcation de points à la réduction drastique des fonds d’investissement et de
développement à l’année N+1.
Mise en place ou activation d’une Direction Nationale d’Aide et de Contrôle de Gestion au
sein de la fédération.
Renforcer les liens entre ces directions fédérales et les différents services de l’organe
gérant le fond d’investissement et de développement du sport professionnel.
Aussi, le cas échéant, cette instance aura pour mission le développement et le
renforcement de la position de l’Algérie à l’international :
Favoriser l’organisation de grands évènements sportifs en Algérie : coordonne la
candidature et l’organisation des grands évènements sportifs internationaux.
Développer les relations internationales pour positionner l’Algérie comme un acteur
majeur sur la scène sportive internationale, développer un lobbying international, la CAF, la FIFA, ACNOA etc.

Prendre le lead sur les sujets internationaux au niveau des instances internationales tel
que la révision du pourcentage de solidarité de 05% ou les allocations de formation
définie par la FIFA qui est plus adapté pour les pays du big five que les pays en voie de
professionnalisation et la faire passer à 15% par exemple.

CONCLUSION :

Je pense que lors de cette phase transitoire, ces outils que je développe peuvent représenter une bonne assise et un socle solide pour la refonte du professionnalisme.
Nous avons tous les atouts pour l’instaurer dès la saison prochaine.
Le développent du professionnalisme est une réussite, sociale, économique et ensuite
sportive.
L’exigence de compétitivité doit amener le modèle d’organisation national à analyser les
exemples étrangers les plus performants pour en retenir les principaux facteurs de
réussite. Au regard des leviers que l’État détient, c’est à la recherche d’une meilleure
efficience dans les moyens mis en œuvre et les conditions de leur emploi qu’il doit
s’attacher.